Nous montrons aux filles un monde rempli de possibles.

La démocratie commence dès le plus jeune âge

Vous souvenez-vous de Nora ? Dans le premier numéro de Kaleio, la jeune fille, alors âgée de 12 ans, nous avait confié qu’elle souhaitait mettre en place un « Speaker’s Corner » pour les enfants de Bâle, sa ville natale – autrement dit, un podium pour les filles et les garçons qui ont quelque chose à dire. Or le 15 septembre 2021, Journée internationale de la démocratie, le Speaker’s Corner se trouvait pour la première fois sur la place du marché de Bâle. Nous étions là et avons écouté les jeunes prendre la parole.

« Mesdames, Messieurs, j’ai encore ce souvenir brumeux de mon enfance où, à Londres, j’ai vu à Hyde Park une femme debout sur une boîte en bois qui exprimait à haute voix son opinion qu’on aurait en temps normal pas entendu. J’étais plus jeune à l’époque, et j’étais alors fermement convaincue qu’il fallait être la personne la plus courageuse du monde pour oser se tenir là, comme ça, devant tant d’inconnus. » Aujourd’hui, c’est Nora (13 ans) qui se tient derrière un pupitre, sur la place du marché de Bâle, et qui parle d’une voix ferme et assurée d’un sujet qui occupe actuellement beaucoup les esprits : la situation des femmes en Afghanistan. « Les Talibans agissent comment si c’était généreux de leur part de ne pas interdire aux femmes d’étudier et de travailler, alors qu’il devrait être évident d’autoriser les femmes à le faire. Nous vivons au 21ème siècle ! »

Nora (13 ans) lors de l’inauguration du Speaker’s Corner.

Inspirée par le Speaker’s Corner de Londres, Nora a créé ce podium mobile avec cinq camarades – Marie, Sabah, Maliyah, Nima et Stella – et avec l’aide du Kinderbüro (Bureau des enfants) de Bâle. Selon la Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant, les jeunes ont le droit d’avoir leur mot à dire dans tout ce qui les concerne. Et iels ont en effet beaucoup à dire : filles et garçons se succèdent sur le Speaker’s Corner en cet après-midi pluvieux pour évoquer leurs préoccupations, leurs souhaits ou même les résultats d’une enquête.

Les enfants du groupe « Plus de liberté à l’école » ont par exemple interrogé 200 élèves de la 5e à la 8e Harmos et ont appris que les trois quarts d’entre elleux souhaiteraient que l’école commence plus tard le matin, car iels pourraient ainsi mieux se concentrer. Beaucoup aimeraient avoir un jour par semaine où iels pourraient apprendre ce qu’iels veulent. Plus de la moitié des élèves confient également avoir très peur des mauvaises notes ; et pensent que les devoirs servent à s’entraîner, mais ne devraient pas être notés. Deux des oratrices de l’enquête soulignent d’ailleurs à raison : « Nous avons mené cette enquête, pas seulement pour nous, mais aussi pour vos enfants et les générations à venir. »

Le changement climatique est aussi un sujet important. Marie parle de Greta Thunberg, Sabah met en garde contre la fonte des glaces en Antarctique et Stella s’exprime à propos du plastique : « J’essaie pour ma part d’utiliser le moins de plastique possible. » Car le changement climatique n’affecte pas seulement les gens. « J’ai remarqué que beaucoup d’animaux ne vont pas bien, et cela me fait de la peine », confie Nima. « Des tas d’animaux souffrent parce que nous, les humains, polluons beaucoup trop les sols et les forêts. C’est pour ça qu’il est si important à mes yeux que les humains ne jettent pas leurs déchets dans la mer ou dans la nature, mais qu’ils les éliminent correctement. Je trouve aussi important qu’on conduise moins de voitures. » C’est dâilleurs la préoccupation des enfants du groupe « Moins de voitures ». Iels réclament plus d’espace pour les animaux et veulent que les adultes réfléchissent à s’iels ont vraiment besoin d’une voiture.

Les six fondatrices du projet se présentent.

Et que ressent Nora face à ce projet – commencé il y a plus d’un an – qui se réalise ? « Je trouve ça génial. Et je suis surprise du nombre de personnes qui sont venues. J’ai aussi trouvé très agréable de pouvoir exprimer ce que je ressens. C’était important pour moi. Et c’était passionnant d’entendre ce que les autres avaient à dire. Le Speaker’s Corner est vraiment destiné à exprimer des opinions, quels qu’ils soient. » Elle espère que de nombreux enfants profiteront de cette offre et leur donne les conseils suivants : « Il ne faut surtout pas stresser en pensant que son discours n’est peut-être pas assez bien, ou quoi. C’est super dans tous les cas d’oser le faire. On n’est pas obligé de parler dans le micro. Et si on est soudain bloqué, il faut respirer profondément, se détendre, et on pourra alors continuer. »

Nora (13): « Je trouverais ça génial si plein d’enfants voulaient monter sur le podium et dire ce qu’ils et elles pensent. »

Si vous souhaitez écouter les enfants, ou même exprimer votre propre opinion, le Speaker’s Corner sera à Bâle le 23 octobre et le 6 novembre 2021. Et qui sait : peut-être que ce podium mobile tournera bientôt dans d’autres communes de Suisse ?

Vous trouverez ici le PDF de l’interview que Nora avait donné pour le premier numéro de Kaleio !


Traduction : Cyrielle Cordt-Moller

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