Nous montrons aux filles un monde rempli de possibles.

Accompagner votre fille quand sa poitrine se développe

L’apparition des seins marque l’entrée dans une période particulière qui mêle excitations et joie, mais aussi peurs et incertitudes. Découvrez comment accompagner votre fille le mieux possible lors de cette transformation.

© Cat / Adobe Stock Photos

1. Éviter les railleries

Le corps de votre fille subit des changements qu’il convient de prendre au sérieux et avec respect. Face à cette situation, restez le plus naturel possible. Si vous le pouvez, demandez à l’entourage familial (tantes, oncles et grands-parents notamment) de s’abstenir de toute remarque inutile. Évitez également de parler du sujet avec d’autres adultes, que votre fille soit présente ou non. Il relève de sa vie privée, et c’est à elle de décider si elle souhaite en parler avec quelqu’un d’autre.

2. S’informer et échanger

Pour aider votre fille à mieux comprendre ce qu’elle est en train de vivre, vous pouvez (seule ou avec elle) vous renseigner davantage sur les seins, leur anatomie et leur fonction (l’allaitement). Vous pouvez également vous appuyer sur l’article de la rubrique « Au pays du corps » du numéro 5 de KALEIO, où je décris ce qui se passe dans le corps d’une jeune fille lorsque sa poitrine commence à se développer. Cela vous donnera ainsi de bonnes bases pour discuter et répondre à toutes les questions de votre enfant. Lors des discussions avec votre fille, il est important que vous ne vous focalisiez pas sur le côté esthétique des seins.

3. Aider sa fille à choisir son premier soutien-gorge

Pour commencer, demandez à votre fille si elle souhaite d’ores et déjà porter un soutien-gorge et si vous pouvez l’accompagner pour le choisir. Bon à savoir : une fille peut rêver depuis longtemps d’un soutien-gorge alors qu’une autre ne voudra pas en entendre parler pour l’instant. Restez à l’écoute des besoins de votre enfant et veillez à les respecter. Expliquez-lui également qu’un soutien-gorge a fonction d’aider le corps à soutenir les seins, mais que c’est à chaque personne de décider pour elle-même ce qui lui semble le plus confortable. Lors d’une activité sportive, un soutien-gorge peut être très utile, par exemple.

4. Être conscient·e de son rapport avec son propre corps et celui des autres

Les enfants apprennent par mimétisme. Si vous êtes maman, votre comportement vis-à-vis de vos seins et/ou le fait de commenter la poitrine d’autres femmes ne sont pas sans conséquences (ce qui vaut bien sûr pour le reste du corps). Lorsqu’une jeune fille entend des personnes de son entourage tenir des propos tels que « Si seulement j’avais des seins plus gros » ou « J’ai les seins qui tombent », elle apprend que l’esthétique de la poitrine est un sujet assez important pour qu’on en parle. Elle intègre également le fait que la féminité implique de ne pas être satisfaite de son corps. Il en va de même lorsqu’elle entend des personnes qu’elle apprécie (hommes ou femmes) parler de la poitrine d’autres femmes (« Y a du monde au balcon chez celle-là ! »). Ce genre de commentaires lui montre que l’on peut tout à fait juger l’apparence d’une personne et que la poitrine (pour laquelle il existe clairement des codes de beauté tacites) fait plus fréquemment l’objet de remarques que les autres parties du corps. Cette attitude peut la conduire à objectiver son propre corps ainsi que celui des autres. Pour approfondir le sujet, vous pouvez lire le livre de Renee Engeln (disponible en anglais uniquement), intitulé « Beauty Sick – How the Cultural Obsession with Appearance Hurts Girls and Women ».

Illustration : Anna Moderska

5. Célébrer la diversité

Au cours de la puberté, les adolescentes et adolescents se comparent de plus en plus entre eux. Les filles se demandent si elles se développent normalement et comparent leur poitrine avec celles de leurs amies. Elles passent également du temps sur les réseaux sociaux où, souvent, un seul type de silhouette et de beauté est célébré. C’est pourquoi une jeune fille doit pouvoir être confrontée aux corps de femmes de tous âges dans un environnement ordinaire (dans les vestiaires d’une piscine, par exemple). Sur son site Internet, la photographe Laura Dodsworth a publié une série de clichés de poitrines très différentes. Vous pouvez les parcourir avec votre fille si vous pensez que c’est une bonne idée.

6. Rester disponible et à l’écoute

Chaque adolescente se développe de manière très différente. Après les vacances d’été, certaines reviendront en classe transformées, avec une poitrine pratiquement formée, tandis que pour d’autres, le développement mammaire commencera à peine. Votre fille peut alors être traversée par toutes sortes de sentiments : « Anne a déjà des seins et moi pas encore ! ». Ou bien : « Je suis la seule à avoir des seins parmi mes copines. Je fais vraiment tâche. » Soyez véritablement à l’écoute de votre enfant. Expliquez-lui que chaque individu est unique et différent, que chaque personne se développe à son propre rythme.

7. Savoir (ré)agir

Au cours de la puberté, les réactions de certains garçons sur la transformation du corps de leurs camarades peuvent parfois être déplacées. Durant cette période, il est important de ne pas les blâmer. Non pas que je veuille leur trouver une excuse du type « Ils sont comme ça et c’est tout », mais peut-être manquent-ils jusqu’à présent aussi de modèles positifs et cherchent tout simplement à gérer tant bien que mal leurs émotions par eux-mêmes. Toutefois, ce genre de comportement ne doit être ni minimisé ni considéré comme une simple moquerie un peu maladroite. Surtout lorsque le NON ou le STOP de la jeune fille n’a été ni entendu ni pris au sérieux. Faire des remarques vulgaires ou tirer sur un soutien-gorge représente bien un acte de violence qui porte atteinte à l’intimité des jeunes adolescentes. Garçons ou filles, corps enseignant, éducatrices et éducateurs ainsi que parents doivent être sensibilisés à ce sujet. Au besoin, pourquoi ne pas organiser des activités pédagogiques supplémentaires autour des thématiques de l’empathie et des limites à ne pas dépasser ? Les adolescentes doivent être conscientes que personne, même sous couvert de l’humour, n’a le droit de jouer avec leur intimité et de les mettre mal à l’aise. De plus, le fait de s’opposer et d’exprimer leur désaccord ne signifie pas qu’elles n’ont « aucun humour », mais bien qu’elles ne se laissent pas faire.

Les enfants apprennent des adultes. Dès le début, nous faisons donc figure d’exemple sur la manière dont nous composons avec les limites des autres : si nous les respectons ou si nous les méprisons. Et si nous défendons nos propres limites ou si nous acceptons que les autres les franchissent.

Exercice

Si vous êtes maman, rappelez-vous du moment où vos seins ont commencé à se développer. De quoi avez-vous eu alors besoin ? Qu’est-ce qui vous a perturbé ? Gardez à l’esprit que la situation que vit votre fille n’a peut-être rien à voir avec la vôtre. Toutefois, échanger sur les expériences de chacune a sans doute son importance et ne peut qu’enrichir votre relation. Ne soyez pas pour autant trop envahissante. Si elle ne veut pas de votre aide, mieux vaut respecter son souhait.


Traduction : Jessica Stabile

Articles en lien

Fermer
Panier (0)

Votre panier est vide. Votre panier est vide.



Language